Les maisons à vendre arborant une architecture coloniale sont rares, mais à force d’obstination vous finirez par en dénicher. Généralement les agences immobilières n’en proposent pas. Il vous faudra arpenter les rues et quasiment faire du porte-à-porte. Sur les côtes, l’architecture coloniale rappelle souvent celle utilisée dans les îles créoles alors que dans les hauts plateaux , on retrouve à peu près les mêmes constructions qu’en Indochine par exemple.
La case créole et les palais arabes
Sur les côtes, les maisons en pierre furent principalement édifiées par les colons, souvent venus de La Réunion et qui importèrent avec eux le plan et la structure des maisons créoles. Les commerçants indiens et arabes pour leur part construisirent d’élégants « palais » à colonnades encore gardés intacts à Majunga, Diego et Tuléar. Généralement, la case créole est en bois. Elle est édifiée à partir d’un soubassement en pierre, ce qui permet de l’isoler du sol et de créer une aération. L’agencement typique est loin d’être compliqué et surtout très pratique : les chambres à coucher, le salon et la salle à manger forment une double rangée de pièces communicantes entre elles. Très souvent, la cuisine et la salle d’eau constituent de petites constructions séparées, situées à l’arrière du bâtiment principal ou parfois aménagées sous la véranda. La varangue isole le corps du bâtiment en le protégeant du soleil et de la pluie. C’est également une pièce à part entière qui sert à recevoir et à se rafraîchir. Côté design, la maison créole parfaite que l’on trouve dans les rues de Madagascar possède des fenêtres à petits carreaux encadrées de colonnettes, les corniches sont soutenues par de petites consoles en forme de volutes et balustres. Quant aux portails, leurs piliers sont ornés de volutes et de rosaces.
L’influence de Louis Gros
À partir de 1819, Louis Gros introduit à Madagascar les premières caractéristiques de l’architecture coloniale : la toiture est à quatre pans et couverte de bardeaux, la maison est toujours à étages, des colonnes et des arcades mettent de la vie à l’ensemble, une galerie couverte est aménagée ou une varangue. Ce style se retrouve dans les palais royaux et les demeures des notables avant de se démocratiser et de se vulgariser avec l’adoption par la population de la brique et de la pierre dans leurs constructions vers 1868. Le style est également adopté pour les édifices cultuels ainsi que les bâtiments publics à partir de 1896, année où Madagascar est proclamée colonie française. L’architecture coloniale de type côtes (rien à voir avec la case créole) garde la toiture à quatre pans, mais les vérandas sont beaucoup plus profondes, en raison du climat. En effet, cette profonde véranda périphérique et les combles offrent à la maison une bonne isolation thermique. La maison possède en outre de fines colonnes en fonte et sa rambarde rappelle des dentelles. C’est ainsi que l’on reconnaît le prototype de l’architecture coloniale côtière. L’architecture coloniale des Hautes Terres subit diverses influences et au fil du temps les matériaux utilisés évoluent. Ainsi, l’aspect arachnéen caractéristique du style colonial disparaît.